Andalucia Bike Race 2015


31 Mars 2015
Par François-Charles Dumas

C’est le 19 février au soir que mon coéquipier Martin Simard et moi avons pris l’avion pour aller rejoindre notre équipe Nativo Concept, à Madrid, en Espagne. Pour cet évènement, le groupe est composé de 7 personnes. Quand on sort, on sort pas en petit. Matt Hadley et Benoit Simard, les vétérans sur vélo, Ricardo Püschel (un ami du Chili) et Jean-Phillipe Thibodeau, les jeunes du troupeau aux jambes nerveuses, Martin Simard et moi-même, les plus sages…. ;) et sans oublier notre interprète, directeur, supporteur et non le moindre, Luis F Arevalo, sans qui aucun de nous ne serait là-bas.

Je ne me souviens plus exactement quand nous avons décidé de faire cette course, mais je sais qu’au départ, nous cherchions seulement un endroit pour rassembler la troupe et faire du vélo de montagne avant le début de la saison. Le but étant aussi de tester le nouveau matériel que Nativo Concept a préparé pour la saison 2015.

On se retrouve donc, assis dans l’avion en direction de Bruxelles, pour une escale. On arrive comme prévu à Madrid le vendredi en fin d’après-midi et nos vélos ont bien suivi.  C’est toujours un petit stress. En arrivant à l’hôtel, on sort les vélos des sacs et on prépare l’arsenal avant d’aller assister à notre premier souper d’équipe de la semaine. Je dis bien « assister » parce que c’est vraiment comme un spectacle à chaque fois.

Le samedi, nous avons environ 3-4 heures de route à faire pour nous rendre à la ville de Jaen, où commencera la course et pour finaliser l’inscription. Nous démarrons en force étant les premiers des 750 coureurs dans la file pour l’inscription. Ce sera l’unique fois que nous serons les premiers.

Andalucia Bike Race est une course par étape de 6 jours sanctionnée par l’UCI et elle est classée S1. Il y a donc des bourses et des points que plusieurs convoitent fortement. C’est probablement une des raisons qui fait en sorte que le niveau est aussi relevé. Quelques jours avant le départ, l’organisation a publié la liste du top 10 qui pourrait remporter l’épreuve au bout des 420km et 14 000m d’ascension.  On s’est vite rendu compte que nos bagages ne serait pas en surplus de poids de médailles pour le retour. La liste comprend plusieurs champions du monde XCO U23 et élites, des champions du monde XCM et plusieurs olympiens. On s'entend pour dire que c’est le niveau le plus relevé de la course depuis qu’elle existe.

Bon, nous voici donc à Jaen, où se déroule les 3 premiers jours de la course. On finalise la préparation de notre équipement pour le Jour 1. Luis nous apporte les nouveaux vêtements, dont le jersey Reggio et le bib Platinum avec mousse à mémoire de forme, le tout aux couleurs 2015. C’est la première fois qu’on voit les vêtements 2015 et c’est quelque chose!!

Jour 1
On l’anticipait depuis longtemps celle-là, 89km et 3000 mètres d’ascension. Le départ est plutôt rapide et on se rend compte que la plupart sont capables de tenir cette vitesse. Ce ne sera donc pas dans les montées que nous pourrons nous imposer durant les 50 premiers km montent… On gère notre effort et on fait ce qu’on peut pour minimiser les dégâts pendant l’ascension au côté de nul
autre qu’Irina Kalentieva. Par contre, dès les premières sections techniques, on réalise que nous sommes plus à notre aise que la majorité des gens qui nous entoure. C’est donc sur cet aspect que nous devrons jouer nos cartes cette semaine. Je tiens à spécifier que la première journée était loin d’être technique comme nous sommes habitués de voir dans nos sentiers. Très loin de ce que nous offres BC Bike Race et Single Track 6. Après avoir atteint le sommet de la course au km 50, c’est descendant jusqu’à l’arrivée. Ce qui nous permet de remonter et de terminer au 102eme rang en 4h49min sur 123 équipes élites. 

Un fait intéressant à noter est que l’organisation prends en charge notre vélo à l’arrivée pour le laver et le déposer dans le local d’entreposage sécurisé, ça fait ça de moins à s’occuper.

Jour 2
La 2eme étape est plus courte avec 61km et 2300m d’ascension. Les 20 premiers km montent, les 10 suivants descendent, pour ensuite remonter pendant 15 et finalement descendre sur les 15 derniers. La première montée est assez brutale et la mauvaise nouvelle est que nous apercevons des flèches du parcours pour l'étape du lendemain dans cette même montée. Le sourire est revenu lorsque nous avons atteint le sommet à 1350m pour s’engager dans une belle descente single track un peu glissante. Ça nous permet donc de reprendre quelques positions.  Un départ avec 750 coureurs, ça fini par faire des bouchons à plusieurs endroits et on n’a pas le choix, on doit prendre notre mal en patience. On gère bien notre effort tout au long de la course et ça nous permet de terminer en force en attaquant un groupe de 4 dans les derniers singles tracks de la journée. Ce groupe de 4 comprend une équipe élite, c’est donc une position qui est là, juste devant. Ils termineront finalement 8 secondes derrière nous. La 2eme étape étant légèrement plus technique que la 1ere, on termine donc 99eme en 3h56min.

Jour 3
Comme nous l’avions vu la veille, la même montée nous attendait et allait nous apporter presque 200m plus haut. Par contre, nous avons eu la belle surprise de quitter le gros chemin large de montée pour une belle ascension en single track technique. Ça nous aide beaucoup à conserver une bonne position, mais plusieurs autres bonnes côtes nous attendent plus loin. Le jour 3 c’est 3000m d’ascension, comme la 1ere journée, mais sur 75km… c’est pas pour les doux. Nous terminons donc en 100eme position avec un temps de 5h01min. C’était la dernière journée à Jaen, demain on se déplace vers Mancha Real pour la 4eme étape.

Jour 4
Ce matin là, nous faisons 20 minutes d’auto pour nous rendre à Mancha Real pour une courte journée de 50km et 1500m D+. Il ne faut jamais sous estimé les journées de courtes distances. C’est quelque chose qu’on apprend vite en faisant des courses par étapes comme celle-là. Il nous faudra donc 3h57min pour rallier l’arrivée en 100eme position, 9sec derrière les 99eme et 8sec devant les 101eme, ce n'est pas fini tant que c’est pas fini… Tout près de l’arrivée, dans un petit café, notre équipe nous attendait avec cerveza et sandwich pour relaxer un peu avant de prendre la route qui nous mènera à Cordoba, lieu des étapes 5 et 6. Je tiens à dire que nous avons été les premiers à déposer nos vélos à l’entreposage sécurisé de Cordoba, ce sera la 2eme fois que nous aurons été les premiers durant la semaine… ;)

Jour 5
Le départ se donne juste en face de notre hôtel et on part pour une journée de 86km et 2000m D+. C’est une journée plus répartie et moins polarisée et avec les 15 derniers km de descente. Avec la quantité d’équipes inscrites, c’est assez rare qu’on roule seul, c’est un des aspects que j’ai bien aimé de la course et ça fait en sorte que les derniers km de course sont assez intenses. Encore une fois, Martin et moi avons bien géré notre journée et ça nous permet de finir l’étape 5 prenant le dessus sur les quelques équipes avec qui nous étions. Cela nous permet de terminer en 98eme place avec un temps de 5h28min. Après un petit diner, on retourne à l’hôtel pour récupérer un peu et on se prépare pour aller visiter la splendide ville de Cordoba avec son pont Romain de 2100 ans d’âge, sa Cathédrale à couper le souffle, le château de la reine Isabelle et tous les vieux bâtiments historiques. 

Jour 6
Dernière étape, il n’y a plus de lendemain, on donne ce qui reste pour les derniers 55km et 1300m D+. Départ canon (surtout pour ceux en avant) étant donné que la victoire du GC se joue aujourd’hui. Les montées sont plus courtes, on passe du technique au roulant, puis au technique plus souvent que les autres journées. Nos jambes sont bonnes aujourd’hui, les montées plus courtes nous aident et le niveau technique de cette journée nous avantage aussi. On en profite donc pour faire ce qu’il faut, ''mettre des mines''!! Dès qu’on aperçoit le sommet d’une montée, on accélère légèrement et on capitalise notre effort lors de la descente. On doit parfois faire des dépassements risqués en prenant les lignes B, ou C ou D (comme dit mon partner Martin) et parfois ce n’est même pas une ligne… Les derniers km sont aussi les mêmes que ceux du jour 5 et on doit se battre avec des équipes que nous n’avions pas vues de la semaine, étant mieux positionnés durant cette journée. On réussit à prendre le dessus. En arrivant dans le virage avant la dernière petite bosse après avoir cru terminé le travail, on aperçoit une équipe juste devant nous, pas le choix, on attaque!! On donne le coup qu’il faut pour leur faire croire qu’on est top shape et on les voit s’assoir sur leur banc de vélo. On passe donc la ligne d’arrivée en 83eme 2h55min, comme des chefs et bien satisfaits de notre semaine.


Ceci nous place donc en 88eme place au GC avec un temps total de 26h08min11sec. Tout juste 8h56min derrière les gagnants Alban Lakata et Kristian Hyneck qui ont terminé en 2eme position au légendaire Cape Epic en Afrique du Sud. Les 2 autres équipes Nativo Concept ont terminé 44eme (Ben & Matt) et 47eme (Ric et JP).

Nous sommes heureux de notre résultat, bien que nous soyons loin dans le peloton, nous avons bien su gérer notre course et ramener les vélos chaque jour sans pépin mécanique et sans blessure. 

Pour ceux que ça intéresse, Martin et moi avions des vélos Specialized Epic Expert montés de la même manière, soit en Sram 1x11 avec un plateau 30T, des pneus FastTrack 2.2 et un frein de 180mm à l’avant. Si c’était à refaire, j’aurais exactement la même configuration.

Je tiens à remercier Advanced Fuel pour nous avoir fourni tout ce qu’il nous faut en alimentation avant, pendant et après chaque journée de course. Gel, jus, boisson de récupération au chocolat, tout y était pour s’assurer que l’énergie soit au rendez-vous.

L’équipe de conception chez Nativo Concept a encore démontré qu’ils connaissent nos besoins vestimentaires. Le matériel de cette année vient de rehausser les standards en plus de présenter un niveau de design avant-gardiste. Merci pour tout.

Andalucia Bike Race, c’est une course, une vraie, c’est pas pour les doux. L’ambiance et le style de parcours sont très différents de ce que nous avons connus lors du BC Bike Race ou du Single Track 6 et même du TransAndes Challenge, qui ont su exploiter les sentiers de leur secteur. Il n’en est pas moins qu’Andalucia Bike Race est une course que vous devez mettre sur votre liste. Que ce soit pour vivre l’expérience d’une course de haut niveau, visiter l’arrière pays de l’Espagne, ou simplement pour faire une semaine de vélo en Février avec des amis, c’est une expérience à vivre et à partager.

Maintenant, le focus est sur la préparation de la saison qui s’en vient à grand pas. Restez à l’affut des prochains textes sur ce blog pour savoir ce qui s’en vient. 

Bon entraînement.

FC




Photos fournies par Nativo Concept