Andalucia Bike Race 2015 - Jour 1 et 2





Nous arrivâmes donc à Madrid vendredi matin à 9 heures locale. Le voyage fût bon, et nous atterrîmes sains et saufs, la preuve en est que je peux vous écrire ce texte. Fraîchement débarqués de l'avion (fraichement étant ici une expression plutôt qu'un mot pris au sens propre), nous attendîmes quelques minutes nos bagages, qui ne traînèrent pas longtemps sur le tarmac. Alors que nous eûmes récupérés les sacs, nous pûmes enfin sortir respirer l'air frais du dehors, en compagnie de fumeurs n'ayant pu s'adonner à leur vice que depuis trop longtemps...



Nous prîmes donc la direction de l'hôtel où nous rejoignîmes Matthew et Ricardo, arrivés la veille. Après avoir pris nos aises dans les chambres, nous nous fixâmes comme objectif d'aller louer la voiture et le camion qui nous permettront de nous rendre à Jaén, capitale auto-proclamée de l'huile d'olive, et accessoirement hôte des trois premières étapes de la course. Martin et François Charles n'arrivant que plus tard dans la journée, nous pûmes apprécier la ville de Madrid, marchâmes quelque peu, et y prîmes un repas surprenant...

Lorsque que nous retournâmes à l'hôtel, nous assemblâmes les bicyclettes, mais ce n'est qu'en toute fin d'après midi que nous roulâmes enfin. Cela nous permit de visiter les alentours et nous constatâmes que la banlieue industrielle de Madrid ne constitue pas une destination touristique d'envergure...

Il est à noter que l'exercice littéraire précédant se veut un clin d'œil à Geronimo Stilton, que j'eu le loisir d'apprécier avec mon fils cet hiver, grâce aux bons soins de mes nièces et de ma belle soeur.

La distance séparant Madrid de Jaén est d'environ 340km, distance parcourue en moins de trois heures grâce aux impeccables autoroutes... et à la limite maximale permise de 130km/h.




Ça sent l'athlète à l'hôtel, grands basanés filiformes, survêtements sportifs typiquement européens, souliers branchés : je me sens drôlement obèse! Premiers dans la file pour réclamer les accessoires de la course, c'est l'esprit tranquille que nous retournerons à la chambre pour la distribution des vêtements d'équipe, un genre de Noël en février. Nativo Concept nous habille comme des champions, c'est l'occasion d'essayer des nouveaux tissus, des chamois ou des nouvelles coupes.

Une courte sortie de quelques minutes nous permettra de se délier les jambes une dernière fois avant le jour «J». Les miennes semblent prises dans le ciment. La lumière de cette fin de journée est magnifique.





Etapa uno - 85km / 2400m D+
Il y a près de 350 équipes qui participent à l'événement cette année. Plusieurs leaders et vedettes du circuit mondial sont de ce nombre, et ils ne sont pas ici pour rigoler. Beaucoup de points UCI (pour le classement mondial) et un peu d'euros font en sorte que c'est une course au suivi médiatique important et donc prisée par les athlètes professionnels. C'est aussi l'occasion pour plusieurs amateurs de venir se gonfler le "chest" dans une course internationale. Donc, pour les habitants du pôle nord que nous sommes, c'est pas notre bronzage qui les impressionnent.


Ce matin, il fait environ 4 degrés Celsius. C'est plus chaud qu'à la maison, mais tout de même suffisant pour conserver le lait frais au réfrigérateur. Dans les montagnes, on devine les traces de neige tombée la veille. Partout, les européens tout maigres se balladent jambes nues et certains en maillot manches courtes sans manchettes. Sur la ligne de départ, nous les canadiens, conditionnés au «froid polaire arctique extrême» et au fabuleux «vortex polaire» dont Météo Médiocre fait la promotion à tout vent, sommes de loin les plus habillés. Jambières et manchettes thermales, sous maillot et veste coupe-vent, foulard, gants doublés : Alouette! J'ai peine à croire à leur machisme.


Je vous raconte un peu l'étape maintenant... Le départ est donné vers 9h. Nous avons la chance de partir dans le premier groupe. C'est une bonne chose, car nous devons rouler un peu sur la route et tourner quelques ronds points avant d'atteindre les premiers chemins de terre de la course.

Cela démarre rapidement, mais malgré le peu d'exercices de vitesse que j'ai fait, j'arrive tant bien que mal à rester dans un groupe qui n'a définitivement pas le goût d'apprécier le paysage. Matthew semble à son aise, et nous filons à travers les oliveraies. Les oliviers sont omniprésents, c'est beau. Le sol, argileux, est parsemé de flaques d'eau qui nous barbouille comme il se doit. Ça grimpe, Aussi bien si faire. Nous sommes supposés parcourir environ 400km et 14 000m de dénivelé positif cette semaine.


Les ascensions s'enchaînent, et nous nous faisons doubler comme des enfants lors de chacune d'elles. Tous semblent utiliser des cadres rigides et les pneus les plus minces disponibles sur le marché. On est loin de mon Gros Big et des pneus de 5 pouces!

La tête collée sur ma potence, je m'efforce de garder un rythme à la limite de l'agréable. Heureusement, je regarde de temps à autre autour de moi. Le paysage est éblouissant, ça replace le canayen. Trop peu de sentiers étroits font de l'épreuve une course sur route de terre battue. Les courtes sections de terrain technique prennent l'allure d'hécatombe. La vitesse d'ascension des européens est proportionnelle à leur incompétence de pilotage en terrain cassant.

Nous terminons la journée en 4h05' près de 40 minutes derrière les premiers. Vraiment, l'Andalucia Bike Race, c'est pas pour les doux.


hasta magnana

Benoit Simard