Par Jean-Frédéric Grandmont
C’était récemment la journée de la femme.

Avant même de connaître ce personnage
historique, j’étais déjà au fait d’une de ses célèbres citations :
“Let me
tell you what I think of bicycling. I think it has done more to emancipate
women than anything else in the world. It gives women a feeling of freedom and
self-reliance. I stand and rejoice every time I see a woman ride by on a
wheel…the picture of free, untrammeled womanhood.” (“Champion of Her Sex,” New York Sunday World, 2
February 1896)
Traduction
libre :
« Permettez-moi
de vous dire ce que je pense du cyclisme. Je pense qu'il a contribué davantage
à l’émancipation des femmes que n’importe quoi d’autre en ce monde. Ça apporte
un sentiment de liberté et d’autonomie. Je me réjouis à chaque occasion que
j’ai d’observer une femme à vélo…une image de liberté, de féminité sans
entraves. »
Pour beaucoup d’entre
nous, le vélo est un avant-goût de liberté que nous avons découvert enfant.
C’est exactement ce qu’est l’émancipation : de s’affranchir d’entraves et
de dépendances. Avec la découverte du vélo est venu un nouveau monde rempli de
possibilités pour moi. Mais ça, c’est un impact à l’échelle individuelle.
Dans les années 1890,
l’échelle était collective, l’échelle était nationale. Dans ces années, le vélo
a été étroitement lié au mouvement des femmes. Aux États-Unis pensez-vous?
Certes, mais nous ne faisions pas exception. Amélie Gagné a écrit un travail de
maîtrise sur « La petite reine et les femmes : La Bicyclette au
Québec de 1880-1920 » (UQUAM, 2005). Une rare incursion sur l’influence
historique de ce mode de locomotion au Québec. L'auteure
rapporte qu' "au tournant du XXe
siècle, la société victorienne semble surtout craindre que la femme acquière
une liberté de déplacement et une autonomie défiant les conventions sociales de
cette époque."Outre l'autonomie et la liberté, la pratique
vélocipédique aurait aussi profondément influencé la mode vestimentaire afin de
la rendre plus utilitaire que décorative.
Pour le plaisir, voici
un des extraits cités dans l'ouvrage et venant d'une chronique d'un journaliste
masculin dans La Patrie en 1893:
"Quand le microbe de la
bicyclette s'est propagé avec la foudroyante rapidité que l' on sait, on a pu
espérer un moment qu'il limiterait ses ravages à la partie barbue de la
population. [ .. . ] Il paraît que c'était trop présumer du bon sens du sexe
enchanteur. Ces dames se mettent à pédaler à outrance. Cela devient une rage. [
... ] Ah ! pauvres hommes que nous sommes ! Au lieu de ces jolis petons, de ces
délicieux bas de jambes emprisonnés de soie, ces dames exhiberont de solides
poteaux télégraphiques, de robustes et massifs mollets taillés à coups de
serpe. Plus de taille onduleusement cambrée ! Plus de corsages fringants !
Adieu, petites nuques blanches sur lesquelles se jouent si gentiment des
frisons bruns ou blonds ! Cous tannés par un amalgame de poussière et de
soleil, poitrines renfoncées, épaules voûtées, varices aux jambes et calus un
peu partout, voilà le suggestif spectacle que nous offrira bientôt le beau
sexe"
Cet extrait peut laisser songeur quand à la
place et à la liberté de la femme dans l'idéologie du journaliste. Le débat de
société ici reflété a fort heureusement penché vers l'égalité des sexes.
Les mentalités ont évolués depuis et il
nous avons le plaisir de pouvoir pratiquer le vélo de montagne entouré de
femmes, d'hommes et de familles entières.
Le VBN CHALLENGE | SINGLETRACK
EVOLUTION favorise par ailleurs cette mixité avec l'octroi de rabais sur les frais d'inscription pour les
familles. Hommes et femmes confondus, venez-y exhiber vos "solides poteaux
télégraphiques" ;-)